Le cardinal Spelmann et le cardinal Samuel Stritch auraient également été avertis. D’autres incidents ont lieu à Chicago et à Washington. Les notes du philosophe catholique indiquent qu’il propose un retour direct de Chicago à Paris lors d’un appel téléphonique avec son étudiant, Marshall.
L’affaire semble assez grave outre-Atlantique pour qu’un jésuite américain conseille au professeur de Princeton de rencontrer le cardinal Spellman pour prévenir l’archevêque de Paris que l’abbé Pierre ne reviendra plus aux États-Unis. À l’été 1955, à son retour en France, Jacques Maritain prévient alors les autorités catholiques, avec l’aide de René Voillaume, l’un de ses conseillers spirituels. Début septembre, Henri Grouès doit s’expliquer avec l’archevêché de Paris.
Deux ans plus tard, en 1957, un « socius », à la fois chaperon et conseiller spirituel, est adjoint par les autorités catholiques à l’abbé Pierre alors que ce dernier enchaîne des soins en cliniques et des retraites spirituelles puis, l’internement en Suisse, en 1958. Henri Grouès sera ensuite écarté de la direction du mouvement Emmaüs. « La décision que la politique du silence était la meilleure pour le moment était précisément basée sur ce désir de protéger [des] buts fondamentaux », a écrit l’étudiant Marshall, le 23 mars 1956, à l’un des responsables d’Emmaüs, retranscrit par Libération.
Et sur les autres scandales à l’étranger, non plus. Car l’abbé Pierre aurait également fait parler de lui pour les mêmes faits ailleurs, comme au Québec. Le théologien André Paul, auteur de Paysan de la rive droite, publié aux éditions du Cerf, rappelle au journal national qu’en 1964, un prêtre canadien avait confié que le prêtre avait « été exfiltré, l’année précédente, après un accord entre la police et les autorités ecclésiales à cause de sa conduite avec les femmes ».