Le bilan est même particulièrement tragique. De nouveaux heurts entre opposants à la Première ministre Sheikh Hasina, forces de l’ordre et partisans du parti au pouvoir ont en effet fait au moins 77 morts dimanche. La situation est donc particulièrement tendue alors que les étudiants ont lancé un appel à marcher ce lundi sur la capitale Dacca.
Parmi les morts figurent au moins 14 policiers. Dans le Nord-Est, un commissariat à Enayetpour a été pris d’assaut et onze policiers tués. Tout Dacca s’est transformé « en champ de bataille » et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d’un hôpital, selon une autre source policière.
Des coups de feu et détonations répétées ont été entendus après la tombée de la nuit alors que des manifestants bravaient le couvre-feu. Selon la police et les hôpitaux, au moins douze personnes ont été tuées dans la capitale, dont plusieurs par balles. Ce dernier bilan sanglant porte à au moins 283 le nombre de personnes tuées depuis le début des manifestations en juillet.
Des médias locaux, citant les autorités, ont évoqué un bilan dépassant les 90 morts pour la seule journée de dimanche. Pour rétablir l’ordre, son gouvernement a notamment coupé l’accès à Internet, fermé écoles et université, imposé un couvre-feu et déployé l’armée. Mais d’anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien aux contestataires.
Dans une prise de position hautement symbolique contre la Première ministre, un ancien chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, a ainsi appelé au retrait des troupes de la rue, dans une déclaration commune avec d’autres anciens officiers supérieurs. Samedi, l’actuel chef de l’armée, le général Waker-uz-Zaman, avait lui affirmé que l’armée se tiendrait « toujours aux côtés du peuple ».