En dynamique dans les sondages, les socialistes sont pleins « d’espoir », presque surpris de refaire campagne « avec enthousiasme » – Et quand la dynamique va, tout va. De notre envoyée spéciale à Saint-Herblain (Loire-Atlantique)
La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, ne boude pas son plaisir : « il y a cinq ans pour la campagne européenne, on avait fait une salle municipale, une belle salle municipale, mais où au max on met 500 personnes. Certes, ce n’est pas plus que les macronistes à Lille ou les Insoumis à Villepinte en mars. Mais que voulez-vous : on parle quand même du parti qui a fait 1,7 % à l’élection présidentielle, il y a tout juste deux ans. Il y a de « l’enthousiasme », il y a « de l’espoir » dans les yeux et les bouches des socialistes.
Sans doute un peu de surprise aussi. Regardez le député Arthur Delaporte, venu de sa ville de Caen (« C’est pas si loin en fait ! ») avec un bus entier de militantes et militants socialistes « et pas que des vieux ». « Ça fait dix ans qu’on n’avait pas fait ça.
En 2022 on avait qu’un minibus pour aller voir Hidalgo à Vannes, on était neuf. » Et il constate : « Sur les marchés, en porte à porte, l’accueil est bon. On sent une envie de voter pour nous. Ils aiment bien Glucksmann.
On se fait même pas engueuler pour la division de la gauche. » Eh bien. Bref ça va bien. Ça marche un peu comme ça une campagne électorale : quand ça va bien… ben ça va bien.
C’est-à-dire que vous n’êtes pas obligé de taper trop ouvertement sur vos concurrents de gauche, vous êtes un peu au-dessus des polémiques…
Et puis surtout vous ne regardez plus dans le rétro, vous pouvez regarder devant. Ce samedi, regarder devant, ça voulait d’abord dire viser le Rassemblement national (RN) et sa tête de liste Jordan Bardella et l’extrême droite en général. « Marion Maréchal fait les sous-titres du très policé Bardella », a renchéri le patron du PS. « L’extrême droite c’est le délitement et le chaos, le renoncement et la capitulation.
Ce samedi chez les socialistes, regarder devant, ça voulait aussi dire penser à l’après. Raphaël Glucksmann a beau dire que « tout n’est pas une élection présidentielle dans notre pays » (suivez son regard sur sa gauche), il faudra quand même qu’il l’explique à ses camarades. « Il faut créer maintenant les conditions de l’alternance en France et sur le continent, et ça commence le 9 juin », a dit Faure, dans une phrase dans laquelle pourraient très bien se reconnaître les Insoumis. Glucksmann lui-même n’était pas exempt de pensées moins européennes : quand il demande à la foule de « renverser le paysage politique », on se dit qu’il peut aussi penser à l’après.
Les campagnes électorales qui vont bien, ça vient quand même avec un défaut : ça fait monter les attentes. Or, il reste encore près de deux mois de campagne. Celle-ci est d’ailleurs encore à peine dans l’horizon des Françaises et des Français. Réussir à faire ce type de meetings à deux mois de l’échéance, ça marque incontestablement une dynamique.
Il faudra non seulement tenir mais amplifier la chose après les ponts de mai, quand la campagne battra son plein. Et encore plus dans les tout derniers jours où la décision se fait traditionnellement lors des élections européennes. Tout le monde en a bien conscience et même si chacun montre son « espoir » tous assurent être « prudents ». Raphaël Glucksmann en a-t-il encore sous le pied ?
« On fait des réunions publiques tous les jours, j’ai l’impression qu’on est déjà au taquet ! », expliquait, l’air léger, une cadre de la campagne avant le meeting. C’est peut-être, pourtant, un petit voyant orange sur le tableau de bord socialiste.